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Le méchant patron dans l’histoire…

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Il y a quelques années, j’ai rencontré une employée qui s’était jointe à notre équipe quelques semaines auparavant. Comme je le fais toujours avec les nouveaux employés, j’avais pris le temps de m’asseoir avec elle pour discuter de la suite.

En discutant avec elle, je lui ai demandé comment elle envisageait son intégration à long terme dans notre équipe, comment on pouvait l’aider à ce que ça se passe bien ? Je lui ai fait part de quelques petites choses à améliorer dans son travail, et d’aspects à travailler, surtout dans son savoir-être. J’ai aussi écouté avec attention ses doléances, notamment sur l’horaire difficile, sur le salaire décevant et sur certains problèmes qu’elle avait notés dans l’équipe. J’étais attentive et en mode solution.

Pendant cette rencontre, je restais persuadée qu’elle pouvait devenir bonne dans ce qu’elle faisait, qu’elle devait s’accorder un peu de bienveillance, se donner le temps de comprendre notre domaine, d’y trouver comment s’y épanouir… À ce moment-là aussi, je ne voulais pas la convaincre de rester si le domaine ne lui plaisait pas : on travaille avec les animaux surtout par amour pour eux. Je tenais quand même à lui faire voir de quelle façon elle pouvait s’épanouir au sein de l’équipe, apprendre à gérer mieux son stress en étant bien supportée. Je voulais lui offrir d’apprendre avec moi.

Argument massue

Puis, elle a évoqué un argument qui m’a atteint droit au coeur. Elle m’a parlé de certains membres de mon équipe que j’estime beaucoup et qui vivent avec des problématiques de santé mentale. Elle évoquait que j’avais ma part de responsabilité dans leur état. Je n’avais jamais, jamais vu ça sous cet angle.

Embaucher pour les compétences

Il est vrai qu’à l’embauche, certains membres de mon équipe m’avaient parlé de problèmes psychologiques avec lesquels elles vivaient. Certaines m’ont parlé de leur médication, de leurs problèmes récurrents, de leur souci de la (sur)performance et de leurs efforts pour aller mieux. Parce que leurs valeurs ressemblaient aux miennes et qu’elles avaient les compétences, ce sont des gens que j’ai décidé de prendre dans mon équipe. La maladie mentale ne devrait pas être utilisée pour discriminer. En tant qu’employeur, n’est-ce pas un devoir de faire sa part pour améliorer au moins un tout petit peu la société ? Pensons-y, ne pas trouver d’emploi n’est certainement pas très bon pour la confiance en soi.

Aussi, je me considère chanceuse d’avoir une bonne santé physique et mentale, alors je me dis que je peux donc pallier pour certaines journées moins bonnes pour les membres de mon équipe. À date, cette philosophie me sert bien. Oui, il y a des moments où c’est plus difficile.  Par ailleurs, j’ai toujours senti la reconnaissance de ces gens de mon équipe, et leur volonté de me soutenir et de soutenir l’organisation qui leur permet d’exercer leur métier.

Ainsi, je n’ai jamais pensé que quelqu’un pouvait penser que j’étais responsable de l’état de santé psychologique de certains membres de mon équipe.  Et j’ai douté…  Je me suis dit : « Je ne vais quand même pas commencer à expliquer à chaque nouveau, les problèmes des gens de mes équipes ! ».

Je fais quoi avec ça ?

J’étais perplexe. Je le suis toujours. Suite à cette conversation, je n’ai jamais voulu changer ma façon d’embaucher et de voir les gens avec bienveillance. Je continue de vouloir soutenir les gens de mes équipes. Je veux continuer de les voir pour les humains qu’ils sont. Je veux embaucher des personnes qui ont les compétences nécessaires pour faire grandir mes organisations.

Reste que…

Par ailleurs, j’aimerais comprendre d’où vient cette méfiance, cette croyance que le dirigeant est toujours le méchant de l’histoire ? Comment transcender cela? Comment gagner la confiance des gens qui voient du mauvais dans presque tout? Je suis curieuse de savoir comment d’autres leaders ont réussi à rassurer ces gens toujours sur la défensive et à aller chercher le meilleur d’eux, pour le bien de l’équipe. Comment avez-vous surmonté cette méfiance, voire ce sarcasme, qui teinte même vos plus beaux gestes envers vos équipes?