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Cultivez l’enthousiasme !

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Je vous pose la question. Dans vos équipes, avez-vous un collègue, un associé ou un employé un peu intense? Cette personne vous irrite-t-elle parfois? Avez-vous l’impression qu’elle saute des étapes, a toujours mille idées, bref qu’elle en fait trop? Si tel est le cas, je vous invite à la réflexion, avant de vouloir à tout prix mettre le couvercle sur la marmite de son enthousiasme. 

L’intensité n’est que le reflet de la volonté d’une personne à faire avancer un projet, nous dit Isabelle Hudon, leader de L’effet A et ambassadrice en France. L’enthousiasme c’est une force, un moteur incroyable pour mener à terme bien des idées. Si vous êtes cette personne un peu intense, je vous invite à considérer que c’est un atout et non une faiblesse. L’ardeur ne s’exprime pas seulement à travers la personnalité. Il y a de ces individus prêts à mettre beaucoup d’énergie et de travail pour faire avancer une cause qui ont pourtant des caractères introvertis.

Le petit plus qui fait la différence

Si l’expérience et la compétence s’achètent en payant le salaire nécessaire, l’enthousiasme, lui, ne se monnaye pas. Vous ne pouvez pas l’enseigner, l’inculquer, ni même l’imposer. Considérez-vous chanceux si vous le suscitez! Si un membre de votre équipe fait preuve d’entrain, appliquez-vous à cultiver cette force. Pour ne pas être submergé par ses demandes répétées, vous pouvez baliser l’énergie que cet individu mettra à réaliser son projet. Mais de grâce, ne tentez pas de remettre cette personne à sa place en lui disant de calmer ses ardeurs! C’est votre égo que vous servez ainsi, pas l’objectif. 

Et si l’enthousiasme de la personne ne cadre pas avec les projets de l’entreprise? Parlez-lui-en. Demandez-lui comment vous pouvez arrimer ses idées avec les objectifs de votre établissement. Il se peut que ce soit incompatible, mais je suis prête à gager que vous avez plus de chances de trouver un terrain d’entente que le contraire. Surtout si vous mettez à la disposition de cette personne, certaines ressources (humaines, de temps, d’argent, de connaissances ou du soutien). Il y a fort à parier que la personne comprenne que son projet a plus de possibilités de voir le jour et de prendre son envol, s’il fait grandir aussi le vôtre plutôt que de le parasiter. 

Le projet s’essouffle?

Et si l’enthousiasme est très fort en début de projet et qu’il s’estompe avant la fin, que faire? Ce ne sera pas la première fois qu’un gestionnaire se heurte à une idée pourtant prometteuse, mais abandonnée avant l’aboutissement parce que le porteur du ballon s’en est lassé avant de compter son premier but. 

Mon conseil? Découpez le projet en petites étapes en vous assurant que chacune d’elles apporte quelque chose de concret aux objectifs globaux. Réfléchissez à la vulnérabilité du projet en lien avec la personne de qui dépend son succès. Créez des équipes, organisez des relais dans la réalisation de certaines tâches, intéressez plus de monde à l’idée. En ne reposant pas sur une seule personne, votre projet aura plus de chance de réussite.

C’est trop de gestion…

Et si l’enthousiasme de la personne menace votre tranquillité d’esprit? Après tout, vous n’avez pas souvent congé et elle vous relance même pendant vos rares moments de détente. 

Balisez le tout. Prévoyez des rencontres de suivi. Respectez-les. Établissez des objectifs clairs et anticipez des solutions en cas de problème. Surtout, ne laissez pas le porteur du ballon sans ressources. Demandez-vous ce qui vous coûte le plus d’énergie : passer quelques minutes avec votre personne-ressource à lui prodiguer des conseils et ainsi aplanir les difficultés ou ralentir le projet en n’épaulant pas cette personne? Et si sa ferveur menace votre autorité ? Ou votre expertise? Ou même votre position? D’abord, je vous félicite d’avoir atteint un tel niveau de conscience de vous-même. C’est assez rare chez les gens qui font un tel constat. La plupart d’entre vous, en lisant cet article, penseront aux gens qui ne les ont pas soutenus plutôt qu’à ceux qu’ils ont ralentis. 

Pourtant, selon les histoires et les versions, nous sommes tous à un moment, malgré les meilleures intentions du monde, le méchant de quelqu’un d’autre. Demandez-vous comment nourrir la volonté de réussite du membre de votre équipe faisant preuve d’enthousiasme. Il y a fort à parier que ce questionnement vous fera grandir et qu’il fera aussi fleurir le projet. En ayant mis le doigt sur le bobo (la préservation de votre égo), vous verrez que les solutions apparaîtront plus facilement. 

Et si c’était vous qui étiez intense?…

Réfléchissez comment vous pouvez mettre votre intensité au service du projet que vous défendez, sans que ça devienne lourd pour votre équipe. Négociez vos ressources. Embarquez ceux qui ont envie de travailler avec vous en leur faisant une vraie place. En partageant aussi le mérite du succès. Votre projet rayonnera plus fort si vous êtes plusieurs à y avoir participé. Considérez l’objectif global plutôt que chaque étape. Ce ne sera peut-être pas exactement comme vous l’aviez souhaité, mais ce sera certainement mieux que rien. 

Posez-vous sincèrement la question suivante : « Suis-je trop rigide? » Le manque de souplesse n’a pas souvent sa place et elle est bien mauvaise conseillère. Il est rare que l’intransigeance s’impose, même si cela peut s’avérer nécessaire parfois. Rappelez-vous que pour prendre sa place et susciter l’engagement, votre projet aura peut-être besoin d’être adapté pour que tous y trouvent son compte. C’est vrai de la vie en société. C’est aussi vrai de la vie en équipe. Une idée rassembleuse a plus de chance d’avancer qu’un projet qui divise… 

S’il faut faire une analogie animalière, je crois que lorsque nous avons un cheval qui court plus vite que les autres, un cheval voulant être attelé chaque fois qu’il voit la carriole et qui motive les autres chevaux en hennissant « On est la meilleure équipe, on est capable! Go, horses, go! », il vaut mieux s’assurer de lui donner plus de foin et de moulée et non pas l’isoler au box. Vous avez beaucoup plus à gagner en profitant de son énergie qu’en cultivant son découragement. Et s’il n’aide pas votre équipe, son enthousiasme servira un autre projet où ses valeurs pourront s’exprimer. 

En terminant, l’enthousiasme donne vie à de beaux projets. Je crois sincèrement qu’une très vaste majorité des grandes réalisations sont nées dans la tête de personnes passionnées qui ont utilisé leur intensité comme moteur pour faire avancer les choses. Je vous souhaite d’avoir des personnes enthousiastes dans vos équipes, de trouver une voie pour exprimer votre énergie, si vous faites partie de ces personnes. Je vous souhaite d’apprendre à gérer cette intensité (la vôtre ou celle des autres) plutôt que de vous sentir menacé par celle-ci. Je vous souhaite de voir l’enthousiasme comme une force. Et je souhaite que cette force soit mise au service de projets éthiques et responsables.

Paru dans Le Rapporteur Fin d’année 2020 de l’Association des médecins vétérinaires du Québec