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Prescription de médicaments. Pourquoi faut-il toujours respecter la posologie ? 

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Vous trouverez toujours sur une prescription la quantité ainsi que la fréquence à laquelle un médicament doit être administré, autant pour les humains que les animaux. Ceci est communément appelé la «posologie» d’un médicament. Lorsque la posologie est changée, le médicament peut s’avérer inefficace ou, dans les pires cas, causer des effets secondaires dangereux. Nous étudierons ici 4 raisons pourquoi il est important de respecter la posologie d’un médicament afin de minimiser les effets secondaires néfastes, illustrés d’exemples concrets. 

 

Un peu de théorie  

Avant qu’un médicament puisse être mis en marché, il doit faire l’objet de plusieurs études rigoureuses. Ces études visent non seulement à démontrer l’efficacité du médicament, mais également à comprendre comment il est absorbé et ensuite excrété par le corps, ainsi qu’à établir des doses thérapeutiques et toxiques. Ces doses peuvent être très variables selon l’espèce, car différents animaux peuvent avoir des physiologies très différentes et donc métaboliser les médicaments différemment. Par exemple, l’acétaminophène, plus connu sous le nom commercial de Tylenol, est utilisé de façon assez banale chez les humains, mais s’avère dangereusement toxique pour les chats même à faible dose. Un autre exemple est la prednisone, un corticostéroïde dont l’usage est plutôt répandu chez plusieurs espèces incluant le chien et le furet. La prednisone doit être convertie en prednisolone dans le foie pour pouvoir être efficace. Le foie des chats est très peu efficace à établir cette conversion — c’est pourquoi on leur prescrit alors de la prednisolone à la place. Un autre exemple est celui de l’ivermectin, qui a fait les manchettes récemment grâce à la COVID-19. Il s’agit d’un vermifuge fréquemment utilisé chez plusieurs espèces comme les chevaux et les cochons, mais il s’avère extrêmement toxique pour les tortues. Substituer un médicament pour un autre n’est donc pas chose bénigne !  

 

La dose, c’est important ! 

Pour être efficace, le médicament doit atteindre une certaine concentration dans le corps. Comme on l’a vu plus haut, ceci est variable selon l’espèce et le médicament, ainsi qu’une panoplie d’autres facteurs qui doivent tous être pris en considération lorsqu’une prescription est faite. Une fois que le médicament a atteint cette concentration, augmenter davantage la dose ne le rendra pas nécessairement plus efficace. Au contraire, cela augmente souvent les chances d’avoir des effets secondaires. Selon le médicament, les effets secondaires peuvent être plutôt bénins à très dangereux. Par exemple, une surdose de métronidazole, un antibiotique parfois prescrit aux petits animaux, peut causer des signes neurologiques variables tels des pertes d’équilibre et des convulsions. L’insuline, prescrit aux animaux diabétiques tout comme les humains, est un autre exemple classique de médicament nécessitant un dosage précis. Une surdose d’insuline provoquera de l’hypoglycémie, qui lorsque sévère peut amener à des convulsions, le coma ou même la mort, tandis que sous-doser l’insuline ne réduira pas suffisamment le taux de sucre dans le sang et l’animal demeurera en hyperglycémie, qui à long terme est dommageable pour plusieurs organes. 

 

Un peu de pharmacologie 

Ce n’est pas seulement le dosage du médicament qui est important ; sa fréquence d’administration l’est aussi. Pour mieux illustrer ceci, nous allons faire un détour et parler des antibiotiques plus spécifiquement. Les antibiotiques ont pour but de cesser la reproduction ou de tuer certaines bactéries, en ciblant différents mécanismes cellulaires bactériens. En général, un antibiotique doit atteindre une certaine concentration dans les tissus ou le sang pour pouvoir avoir un effet sur les bactéries cibles. Si un antibiotique est sous-dosé, les bactéries seront exposées à une concentration plus faible de l’antibiotique et risquent alors de survivre et donc de perpétuer l’infection. Réduire la dose rendra donc le traitement moins voire inefficace, et pourrait même contribuer à la sélection de bactéries résistantes à l’antibiotique, un problème de plus en plus sérieux en médecine humaine et vétérinaire. Même si l’antibiotique est adéquatement dosé mais qu’une dose est oubliée, la concentration de l’antibiotique dans le corps peut chuter et donc nuire au traitement. En revanche, si la durée du traitement est trop courte ou les doses trop espacées, les bactéries pourront survivre — « sauter » ou retarder une dose peut donc rendre le traitement significativement moins efficace, de même que ne pas finir le traitement au complet tel que prescrit. 

  

Les interactions médicamenteuses 

Lorsque 2 médicaments sont donnés en même temps, il importe de s’assurer que l’un n’affectera pas négativement l’autre. En effet, différents médicaments peuvent interagir ensemble s’ils sont métabolisés de façon similaire ou s’ils nuisent à l’absorption ou encore l’excrétion de l’autre. Les anti-inflammatoires ne doivent pas être interchangés ni mélangés pour cette raison. Les anti-inflammatoires peuvent en général avoir des effets secondaires gastro-intestinaux passagers, mais donner 2 différents anti-inflammatoires en même temps ou de façon rapprochée augmente beaucoup le risque d’effets adverses plus graves tels que les ulcères d’estomac. Il faut également être précautionneux lorsqu’on combine 2 anti-dépresseurs ou médicaments psychothérapeutiques qui agissent tous les 2 sur la sérotonine, un neurotransmetteur souvent ciblé par les traitements pour l’anxiété et l’agressivité en médecine vétérinaire. Lorsque combinés, ou donnés à un dosage inadéquat, on peut parfois observer un « syndrome sérotoninergique » qui se caractérise par des signes neurologiques erratiques comme des tremblements, de l’agitation, ou même des crises épileptiformes. Il est donc important d’informer votre équipe vétérinaire de tous les médicaments que votre compagnon prend afin d’éviter ce genre de situation. 

 

Pour qu’un traitement soit efficace et sécuritaire, il est important d’en respecter la posologie. Si par malheur vous oubliez une dose ou donnez la mauvaise quantité, avisez votre équipe vétérinaire qui pourra alors vous conseiller. 

Elle signe ce texte

Dre Gabrielle Coderre-Chabot est vétérinaire à l'Hôpital Vétérinaire Legardeur.