J’ai eu des chiens dès ma naissance grâce à l’endroit où j’habitais, mais aussi grâce à mon père qui était un amoureux des animaux. Il m’a transmis sa passion dès mon plus jeune âge et j’ai toujours pensé que je vivrais avec pleins d’animaux autour de moi et toute ma vie.
Ça a été le cas, plusieurs chiens et chats, perroquets, poules, hibou, paresseux, mini-antilopes…etc..
J’ai eu l’immense bonheur de vivre en Afrique, enfant, puis adolescente. J’ai donc eu énormément d’histoires d’amour avec de nombreux animaux. J’ai toujours aimé mes bestioles plus que tout et certaines ont eu une importance énorme et une place particulière dans ma vie.
Je me suis donc dirigée naturellement vers le métier de technicienne en Santé animale (TSA).
J’ai eu des bergers allemands géniaux, des boxers adorables et même une petite caniche naine qui était un véritable garde du corps pour moi. Des chats à 3 pattes, et souvent des animaux que je récupérais en famille d’accueil, à mon travail… On ne se refait pas, l’amoureuse des animaux en moi est toujours prête à aider un animal en détresse.
Lors d’un de mes stages de fin d’études de TSA, j’ai découvert une race qui m’a alors fascinée, c’était le terre-neuve. Majestueux, chien de travail qui peut secourir des personnes en détresse dans l’eau, puissant, doux et calme à la fois, on le surnomme d’ailleurs le doux géant.
J’ai à partir de ce moment-là, dit qu’un jour j’en aurai un a moi, mais dans les conditions adéquates, une maison, un jardin clôturé et du temps à lui consacrer surtout.
Je travaille dans un centre d’urgence alors je vois beaucoup de choses plus ou moins graves et mes collègues me disaient que cette race la n’était pas un bon choix, mais je savais que c’était une race pour moi.
Je venais de perdre quelques semaines plus tôt mon tout premier chien que j’avais adopté au Québec à mon arrivée, 14 ans auparavant. C’était une gentille labrador qui m’accompagnait partout et même au travail lors de nos nuits occupées à l’urgence. J’avais une relation bien spéciale avec elle et je l’aimais profondément, mon cœur portait un gros trou vide depuis son départ. Je n’étais pas prête à accepter un nouveau membre dans ma tribu de poilus ,avec mes chats. Pourtant le destin en a décidé autrement.
Je ne crois pas au hasard et quand les pions se mettent en place trop facilement, je me dis toujours que c’est sans doute que cela était dû pour arriver, même si je ne suis pas prête.
Une étudiante vétérinaire qui était avec nous à mon travail savait que j’aimais particulièrement le terre-neuve. On avait discuté de ses 3 chiens qui étaient chez ses parents, et je savais que sa femelle attendait une portée de doux géants. Je lui avais mentionné que je ne voulais pas d’autre chien et que j’avais besoin de faire mon deuil.
En plus j’étais très spécifique sur mon futur terre-neuve, cela devait être un mâle noir, avec une petite tache blanche au poitrail.
Quand Babeth, la maman, a mis au monde ses chiots, il y a eu des complications. Elle a eu 11 chiots, mais 7 sont décédés des suites d’une infection utérine, malgré les soins qu’elle a reçus rapidement.
Catherine, la maman humaine de Babeth, me tenait au courant de l’évolution de la venue au monde des chiots. J’étais dévastée pour la famille de Babeth qui l’aimait ne voulait pas la perdre, et qui désirait aussi que le plus de chiots possibles s’en sortent.
Ce fut le cas et 4 chiots mâles qui ont survécu. Catherine m’a alors envoyé des photos des chiots. Il y avait 3 landseer (terre-neuve noir et blanc) et un chiot tout noir avec une petite tache blanche sur le poitrail!
Il était tellement adorable et il ressemblait à mon chien de rêve ! Sur 11 chiots, il y en avait juste un comme je lui avais décrit, c’était trop étrange.
Sans prendre d’engagement, et quand les chiots ont été assez vieux pour recevoir de la visite, j’ai fait le voyage pour aller les visiter à Mont-Laurier. Je ne voulais pas en prendre un, je voulais juste jouer avec des chiots terre-neuve !
Enfin c’est ce que je croyais. On m’a mis ce petit chiot dans les bras, il avait 5 semaines et ça a été un coup de foudre instantané. Il s’est collé dans mon cou et s’est endormi là. C’était le début de notre histoire d’amour.
Je m’en voulais, car je venais de perdre mon autre amour de chienne, 2 mois auparavant, et j’avais l’impression de la trahir, de la remplacer trop vite.
Mais je me suis dit que si tout était si rapide et si facile, elle mettait sûrement du haut de son paradis, cette petite chose sur mon chemin et qu’elle approuvait tout ça.
Alors je suis allé chercher Dugan, le nouveau coco, 3 semaines plus tard et nous avons commencé notre chemin ensemble.
Ce chemin a été semé d’embûches au début, chiot qui faisait plein de bêtises. Puis il y a eu la crise d’adolescence avec un poids de 130 livres qui défie ton autorité, qui te mord et qui te saute dessus… Puis un déclic à 16 mois. Le moment où il devenu le chien le plus doux au monde! Il écoutait, adorait aller se promener, marcher dans la neige ou aller se baigner dans les lacs, jouer tout doucement avec les chats, accueillir avec bienveillance les nouveaux membres de la tribu animale, les prendre sous son aile et leur montrer que la vie de chien ou de chats c’est le fun!
Il venait me faire des câlins quand j’étais triste, me protégeait quand on prenait nos marches nocturnes, me tirait dans l’eau quand on se baignait, gravissait les montagnes de neige, fier d’arriver en haut et d’observer le paysage. Il a eu de nombreux problèmes orthopédiques liés à sa race, mais est toujours resté résilient, n’a jamais mordu même s’il était en douleur intense et savait venir chercher de l’aide quand il n’allait pas bien.
Il m’a demandé de m’occuper de lui dans des périodes très difficiles de ma vie, il était juste là avec sa tête posée sur moi à soupirer et à me regarder avec son regard si gentil, puissant et réconfortant.
Ma relation avec lui était fusionnelle et il a même été en garde partagée une fin de semaine par mois avec mon ex-conjoint comme on peut le faire avec un enfant. Il aimait profondément son papa humain et je ne voulais pas briser cette relation la quand mon conjoint et moi nous sommes séparés, il le connaissait depuis l’âge de 5 semaines lui aussi.
Jusqu’à la fin, il a été digne et puissant, et il a su me dire quand il était temps de le laisse partir… J’ai toujours dit a mes amis que je ne serais jamais capable de vivre sans lui… et son départ a été un autre choc immense dans ma vie, je ne m’en suis pas encore remise, mais j’avance, car c’est ce qu’il me faisait comprendre quand j’allais mal, et désormais je suis capable de vivre avec tous les merveilleux souvenirs qu’il m’a laissés au cours des 13 merveilleuses années que l’on a passé ensemble.
Il y a toujours un chien ou un chat ou bien simplement un animal qui marque votre vie plus que les autres. Vous ne les aimez pas moins les uns les autres, mais certains sont plus particuliers.
C’était le cas pour Dugan et moi, une histoire d’amour extraordinaire qui sera à jamais gravée dans mon cœur.
Je t’aime et je t’aimerai toujours mon gros ours noir !
Crédit Photos : Catherin Arsenault