Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours désiré être vétérinaire. Je n’avais que sept ans quand nous avons emménagé dans le comté de Lotbinière, mes sœurs, mes parents et moi, dans une jolie maison de campagne dotée d’un vaste terrain et d’une petite grange.
Mon amour pour les animaux était déjà immense, mais mes parents ont contribué à le faire grandir. Dans notre nouvel environnement, nous en avons hébergé de nombreux : des poules, des lapins, des chats, un chien, un cheval, et même, un pinson mandarin (qui habitait dans la maison!).
Durant mes études secondaires, mes parents m’ont toujours encouragée à persévérer. Je me souviendrai toujours de ces soirs où mon père prenait place à mes côtés pour m’aider à faire mes devoirs de maths ou de physique qui me donnaient du fil à retordre. Oh, que oui, j’ai toujours détesté la physique !
Durant le cégep, mon père était toujours là pour m’épauler lorsque j’en avais besoin et il n’a jamais douté de mes capacités. Puis est venu le temps de faire ma demande en médecine vétérinaire. Ma candidature ayant été mise sur une liste d’attente, j’ai su seulement une semaine avant l’entrée à la faculté que j’étais admise. Je me souviens comme si c’était hier de ce jour où j’ai été reçue officiellement. Je peux vous dire que ça a été la fête chez nous ce soir-là !
J’avais une semaine pour me trouver un appartement. Mais une fois cela réglé, je pouvais enfin me consacrer à la réalisation de mon rêve !
De grands sacrifices
En plus de m’assister dans mes cours plus ardus, mon papa travaillait d’arrache-pied, enchaînant les heures supplémentaires afin d’amasser l’argent nécessaire au paiement des frais de scolarité ainsi qu’aux autres coûts engendrés par mes études. Nous n’avions pas droit aux bourses d’études et les prêts offerts étaient insuffisants pour tout couvrir. Or, mes parents n’avaient même pas le salaire moyen pour subvenir aux besoins de leurs quatre filles.
Leur soutien, surtout celui de mon père, est allé encore plus loin. Comme ils désiraient que je me concentre entièrement à mes études, ils ne voulaient pas que je prenne un travail. Je n’avais donc qu’un emploi d’été pour pourvoir à mes dépenses personnelles. Mes parents s’occupaient du reste.
Mon père acceptait des contrats à Rimouski afin de pouvoir toucher une prime d’éloignement et augmenter un peu ses revenus. En plus de se serrer la ceinture et de faire des heures supplémentaires, il se privait de passer du temps avec les autres membres de la famille qu’il chérissait plus que tout.
Tous les vendredis, il faisait des aller-retour de Rimouski à Ste-Hyacinthe pour venir me chercher à la fin des cours. Tous les dimanches, il me déposait à mon appartement avant de filer vers la Gaspésie. Si vous faites le calcul, cela devait au total faire une quinzaine d’heures de route toutes les semaines qu’il consacrait à sa fille.
Je me souviens aussi des nombreux encouragements que j’ai reçus de sa part et de son regard rempli de fierté lorsque je suis montée sur la scène avec ma toge pour recevoir mon diplôme de fins d’études.
Enfin ! Grâce au soutien inconditionnel de ma famille et en particulier de mon père, j’avais réalisé mon rêve. J’étais vétérinaire !
Choisir de faire ce métier demande de travailler très fort lors des études. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont encouragé du début à la fin. Ils ont fait des sacrifices énormes pour que mon rêve se réalise. Rien qu’à y penser aujourd’hui, j’ai les larmes aux yeux.
Alors pour moi, le plus fort, c’est mon père. Mon père est mon héros silencieux et je l’aime infiniment. Mais comme vous le savez, derrière chaque grand homme se cache souvent une femme forte et merveilleuse. Je remercie donc aussi ma mère qui a toujours été là pour moi.
Elle signe ce texte
Dre Véronique Miller est vétérinaire à Lévis.