Avec la covid-19, de grosses vagues d’adoption d’animaux ont été observées. Pour les gens qui viennent d’adopter un chiot, comment faire en sorte que celui-ci aime les visites au vétérinaire?
Il faut savoir que le chien a une fenêtre de socialisation qui s’étend jusqu’à 12 à 16 semaines. Concrètement, c’est le moment idéal pour exposer son chiot à plusieurs situations différentes ainsi que différents types de personnes tout en restant dans l’expérience positive. On veut que notre toutou ait de bons souvenirs. C’est donc le moment idéal pour une première rencontre au vétérinaire.
Un conseil utile pourrait être de ne pas nourrir le chiot avant la visite pour qu’il ait faim et qu’il soit stimulé par les gâteries offertes par le vétérinaire et le personnel médical. Vous pouvez aussi apporter vos propres gâteries, ses préférées idéalement, c’est encore mieux ! Le but ultime étant de rendre l’expérience le plus agréable possible pour lui pour qu’il ait des souvenirs positifs.
Et pour ceux dont le chien n’est pas à l’aise en présence du vétérinaire?
L’anxiété chez le chien fait rapidement un effet boule de neige. C’est-à-dire que plus le chien vit des évènements stressants ou qu’il considère désagréables, plus son anxiété augmente et ainsi de suite. Il faut donc être à l’écoute des signes d’anxiété et du chien pour éviter d’accentuer l’inconfort de notre toutou. Le but étant de désensibiliser le chien aux manipulations et à ses visites chez le vétérinaire et qu’il associe le tout à quelque chose de positif. On veut qu’il soit content.
Comme vétérinaire, il m’arrive de séparer la consultation en plusieurs visites afin de respecter le rythme de mon patient. Par exemple, première visite, s’il fait beau, on fait les parties les moins stressantes de l’examen à l’extérieur et je retire mon sarrau pour éviter que le chien m’associe au vétérinaire. À ce moment-là, beaucoup de gâteries et du jeu sont au rendez-vous. À la 2e visite, une fois le lien de confiance établi, l’animal est plus confortable et me laisse faire le reste de l’examen et les vaccins.
Et si mon chien ne veut pas du tout les gâteries et qu’il tente de se sauver sans arrêt?
Certains chiens bénéficieront de la prise d’anxiolytiques préalables à la consultation. Cela détend l’animal et permet une meilleure collaboration entre lui et son équipe médicale. Souvent, l’anxiolytique permet à l’animal de retrouver l’intérêt pour les gâteries pour rendre l’expérience positive.
Aussi, il arrive que si l’animal est trop inconfortable lors de sa visite en clinique, et que la condition n’est pas urgente, je reporte le rendez-vous. Avant la prochaine visite, nous aurons alors le temps de mettre sur pied un plan pour aider l’animal à mieux accepter, voire aimer ses visites en clinique.
Je conseille également aux familles de ces chiens anxieux de faire de la désensibilisation en prenant rendez-vous avec une technicienne. C’est-à-dire qu’ils viendront en consultation et on travaillera sur une expérience positive. Ultimement, le chien sera content et impatient de venir au vétérinaire. Il n’aura pas du tout la même appréhension.
Comment je fais pour savoir si mon animal est anxieux?
La majorité du temps, nos animaux vont nous envoyer des signes d’inconfort. Entre autres, queue basse ou entre les pattes, oreilles ou visage étirés vers l’arrière, refus de prendre ses gâteries préférées, pupilles dilatées, léchage des babines, bâillements fréquents, posture basse, poils dressés… Certains seront même surexcités ou vont grogner et aboyer.
Est-ce qu’on peut forcer le chien en le tenant fermement avec le personnel de la santé? Ne serait-ce pas plus simple?
Bien que l’intention soit bonne, c’est une mauvaise idée! Il en résultera en un chien traumatisé qui sera probablement pire aux vétérinaires aux prochaines visites. Je le déconseille. Si le chien se débat, c’est mieux de reporter la consultation sous un meilleur jour et d’user d’anxiolytique au préalable. Si la condition est urgente et une prise en charge immédiate est nécessaire, une sédation serait une bonne alternative.
L’anxiété du chien chez le vétérinaire est fréquente et mérite d’être adressée. Vous êtes la meilleure personne pour savoir que votre animal n’est pas lui-même et démontre un inconfort. N’hésitez pas à en parler avec votre personnel vétérinaire.
Pour (ré)écouter ma chronique sur le sujet, au micro de Vincent Dessureault, c’est ici :
Elle signe ce texte
Dre Stéphanie Nadeau est médecin vétérinaire et propriétaire avec 5 associées, de 6 établissements vétérinaires dans la grande région de Montréal. Dre Nadeau est gestionnaire de la Clinique vétérinaire 440 à Laval.
