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#NotOneMoreVet. Heureux mon vétérinaire. Vraiment?

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Si vous avez des connaissances dans le monde vétérinaire, vous avez peut-être déjà vu passer des publications avec le hashtag #NotOneMoreVet sur les réseaux sociaux. No One More Vet est une campagne qui sensibilisation à la bienveillance envers les vétérinaires, chez qui le taux de suicide est anormalement élevé.  

Travaillons-ensemble

Les gens qui travaillent en établissements vétérinaires savent depuis longtemps que dans notre domaine, nous avons un taux de suicide, de dépression et d’épuisement professionnel plus haut que celui de la population générale. Dans les dernières années, des articles et des entrevues à ce sujet sont parus dans la Presse, Time Magazine et sur Radio-Canada, entre autres. L’Association des médecins vétérinaires du Québec en pratique des petits animaux (AMVQ), a un programme de santé et mieux-être vétérinaire ainsi qu’un programme d’aide aux employés. L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) quant à elle publie régulièrement des articles et a une section dédiée à la santé mentale et au bien-être vétérinaire sur son site web

Des statistiques peu enviables

Une étude parue dans le Journal of the American Veterinary Medical Association en 2019 a trouvé que les vétérinaires du sexe masculin ont un taux de suicide 2.1 fois plus élevé que la population générale. Pour les vétérinaires femmes, ce taux est encore plus élevé, à 3.5 fois.  Un sondage auprès des vétérinaires paru dans ce même journal en 2015 a trouvé que 1 vétérinaire sur 11 était en détresse psychologique, et que 1 sur 6 avait déjà pensé au suicide. Des données effarantes. Et bien que nous n’ayons pas autant de données pour les employés non vétérinaires travaillant dans le domaine, nous pouvons constater de nos propres yeux que ces enjeux touchent autant les technicien(ne)s en santé animale, les aides-technicien(ne)s, les réceptionnistes et les gestionnaires.

Mais pourquoi ?

Pourquoi le milieu vétérinaire est-il en détresse ? Les pistes de réponses sont nombreuses et complexes. En établissement vétérinaire nous travaillons de longues heures et souvent en overtime, ce qui entraîne une gestion difficile (voir même parfois impossible) de l’équilibre travail-vie personnelle. Ces dernières années, la pénurie de main-d’œuvre spécialisée dans le domaine rend la situation encore plus intenable, et plusieurs ne voient plus la lumière au bout du tunnel.

De plus, nous vivons des hauts et bas émotionnels tous les jours. Parfois dans le même 15 minutes. Qu’on se le dise, passer directement de l’euthanasie émotionnellement chargée d’un patient que nous traitons depuis 10 ans, à un rendez-vous d’adoption d’un nouveau chiot, ce n’est pas facile. Nous devons mettre un masque et refouler nos émotions jusqu’à la fin de la journée, jusqu’à ce que nous retournions à la maison pour finalement laisser sortir le trop-plein ressenti pendant notre quart de travail. Nous arrivons difficilement à laisser notre job à la job, et nous passons beaucoup de temps à penser à nos cas, à ces petites bêtes sans voix – qu’est-ce que nous aurions pu faire différemment pour mieux les aider ? Et c’est sans parler des cas d’animaux négligés ou même maltraités, que nous devons voir sur une base régulière.

Vétérinaire par amour des animaux

Les soins médicaux sont coûteux, nous en sommes conscients, mais nous avons peu de contrôle sur cet état de fait. Comme vétérinaire, nous cherchons surtout à offrir tous les meilleurs soins possibles pour aider nos patients et leurs familles. Pourtant nous nous faisons régulièrement traiter de voleurs et d’arnaqueurs. Nous aimons nos patients, nous adorons les animaux, mais on nous dit « si tu aimais vraiment les animaux, tu soignerais le mien sans frais ! ». Pourtant, vous aurez compris que les cliniques vétérinaires ont des dépenses comme toutes les autres entreprises, et qu’elles feraient rapidement faillite si elles ne chargeaient pas pour leurs services. Qui serait alors disponible pour soigner nos animaux chéris ?

Plusieurs pensent que les vétérinaires sont riches et touchent des salaires énormes. C’est faux. Nous sortons souvent de nos études avec des dettes (situation encore pire pour nos collègues américains), et nos salaires représentent une fraction de ceux des professionnels de la médecine humaine. Si nous étions là que pour faire de l’argent, comme plusieurs le supposent, nous aurions choisi un autre domaine. Nous sommes là parce que nous voulons aider les animaux et leurs propriétaires, et nous nous donnons cœur et âme pour cela.

Les attaques et les plaintes sur les réseaux sociaux deviennent de plus en plus fréquentes et les professionnels vétérinaires n’ont aucun moyen de défense dans ces cas. Les lois de confidentialité nous empêchent d’expliquer notre version des faits. Nous devons donc subir ces attaques en silence…

Soyez bienveillants

Quoi faire avec tout cela et comment faire pour améliorer cette situation ? Je n’ai pas les réponses, et heureusement qu’il y a des personnes qui s’y connaissent mieux que moi qui travaillent sur ce dossier. Tout ce que je peux dire c’est : « soyez compréhensifs et patients ». Si vous êtes propriétaire d’animaux, soyez bienveillants avec vos équipes vétérinaires, elles sont là pour vous aider. Si vous travaillez en établissement vétérinaire, prenez soin de vos collègues, et demandez de l’aide si vous vous sentez submergés.

Je suis extrêmement chanceuse d’avoir des collègues de travail et des associées en or, d’avoir le soutien nécessaire quand je sens un trop plein, et d’avoir une clientèle – la plupart du temps – sympathique et compréhensive et qui travaille en équipe avec moi pour aider leur animal. Mais assez c’est assez, et il faut passer le mot : not one more vet.

 

Pour en savoir plus sur le mouvement #NotOneMoreVet, rejoindre la communauté ou demander de l’aide: https://www.nomv.org/

Si vous ou un de vos proches avez besoin d’aide, n’hésitez pas à aller vers l’une de ces ressources compétentes:

Association québécoise de prévention du suicide
www.aqps.info/
1-866-appelle — 1 866 277-3553

Services de crises du Canada
https://www.crisisservicescanada.ca/en/
1.833.456.4566 | Text 45645

Références pour les deux articles mentionnés
https://avmajournals.avma.org/doi/full/10.2460/javma.254.1.104
https://avmajournals.avma.org/doi/10.2460/javma.247.8.945