Lettre à un rescue.
Sunny. Le chihuahua qui avait gagné à la loto-grande-vie !
Famille d’accueil pendant 7 ans, l’histoire de Sunny fait partie de celles qui nous auront marquées. Cette histoire sert aussi à illustrer que les chiens de refuge ne sont pas tous des chiens à problèmes. La très grande majorité d’entre eux ont juste été malchanceux avec leur premier départ.
Un chihuahua king size
On nous avait dit que tu étais un chihuahua. Je m’attendais à une toute petite chose de 4-5 livres. J’avoue que j’ai été surprise quand je t’ai vu, grand, costaud avec tes oreilles surdimensionnées. N’empêche, tu étais mignon x 10 et tu avais le regard doux et triste à la fois. C’était pas une belle journée pour toi hein, le jour où on s’est rencontré ? On t’avait abandonné chez le vétérinaire quelques jours plus tôt et il t’avait fallu nous attendre nous, ta famille d’accueil. C’est le bout dur pour les familles d’accueil ça, quand les chiens ne comprennent pas trop ce qu’on vient faire dans leur vie. Il y a une nano seconde où ils doivent décider de nous faire confiance. Elle est émouvante cette nano seconde en fait, et elle change tout.
Notre première rencontre
Quand je suis allée te chercher, je t’ai dit bonjour, j’ai pris la laisse qu’on m’a tendu et on a marché ensemble jusqu’à ma voiture. Hey boy! T’étais vraiment content de sortir de là. As-tu pensé pendant un instant que je te ramènerais « chez toi » ? Comme j’aurais voulu que tu comprennes qu’on allait te trouver un nouveau chez toi pour la vie, un chez toi tellement chouette avec des nouveaux «parents» aimants. À ce moment-là, tu pouvais pas te douter je sais bien.
On a passé les quelques semaines suivantes à vivre ensemble. Tu t’es super bien intégré avec nos chiens à nous. Ils étaient parfaits pour ça nos chiens, pour montrer à ceux qui étaient de passage que c’était bien correct, et qu’à partir de maintenant, ç’allait bien aller…
Ta famille avec un grand F
Quand on a commencé à recevoir les demandes d’adoption pour toi, ça été compliqué. Tu étais tellement parfait que tout le monde voulait t’adopter. Mais il y a une demande qui a retenu notre attention plus que les autres, c’était celle de Jules. C’est bizarre mais au jour 1, on dirait que je savais que ton nouvel humain préféré serait un homme. Le destin, ça fait des drôles d’affaires mon beau Sunny. Tu étais sur le point de t’en rendre compte.
Ton nouveau « papa » habitait vraiment loin ce qui ne facilitait pas ton adoption. Mais je sais pas, je lui ai fait confiance tout de suite. Nos échanges courriels étaient plein de bienveillance. Tu parles, on t’avait trouvé un jeune retraité qui avait une maison au bord de la mer, un camp dans le bois et qui t’avait fabriqué un support pour que ce soit sécuritaire pour toi de te promener avec lui sur son 4 roues. Y’a des humains avec des cœurs gros comme ça Sunny, le savais-tu ?
On a convenu d’une date. Ta nouvelle famille a réservé un hôtel près de chez nous. Ils se sont levés aux aurores et ils ont pris la route, pour toi, pour venir te rencontrer. Ils ont roulé toute la journée. Ça dû être long pour eux, cette anticipation. Ils ont dormi à l’hôtel ce soir-là et le lendemain ils sont arrivés chez nous dans une rutilante voiture blanche. Je m’en souviens parce que je pense que ton nouveau papa avait pris le temps d’aller faire laver sa voiture avant de venir te chercher. Dans ma tête, sa voiture ne pouvait pas être aussi propre après avoir roulée plus de 12h et traversée le Québec au complet. J’imagine qu’il voulait se présenter sous son meilleur jour.
Des mixed-émotions
Bref, ils étaient là. Tu étais un peu gêné à prime abord. Tes nouveaux « parents » étaient émus. Moi aussi. Je t’ai pris dans mes bras et je t’ai mis dans le bras de Jules. Le courant a passé. Tu l’as senti aussi hein ? Tu as poussé un grand soupir. Tu t’es collé dans son cou. Tu venais de rentrer à la maison. Ta nouvelle famille a vécu des grosses émotions à ce moment-là. On avait tous un peu de poussière dans les yeux comme on dit.. Ils t’ont enfilé un joli collier qu’ils avaient pris le temps de choisir pour toi. Tu étais maintenant LEUR chien.
Tu es parti sans regarder derrière. C’était mieux comme ça, ça rendait les choses moins difficiles pour nous.
La dernière fois qu’on a eu de tes nouvelles, tu faisais la dolce vita entre la mer, le bois et toutes sortes d’autres aventures. J’espère que tu es bien, beau Sunny. Ça été un réel bonheur que tu passes dans nos vies, le temps de refaire la tienne.